Etoile Polaire s’étira. Les chatons de la pouponnière étaient adorables. Irremplaçable. Mais pour combien de temps ? Elle avait été chaton. Elle ne savait pas si sa mère l’aimait comme elle l’avait aimé autre fois. Et de toute manière, ne l’avait-elle jamais aimé ? Après tout, ce n’était que sa mère adoptive. Et sa vraie mère, qu’elle ne voyait presque jamais. Elle ne se sentait pas de l’aimer plus qu’autre. Comme on devrait aimer une mère. Elle aimait son père, aussi fort qu’on devrait aimer son père. Elle lui était reconnaissante.
Lui, il lui avait offert tout ça. Elle était sa chair, son sang. Elle venait de lui. Il fallait qu’elle se montre aussi forte, aussi brave. Il fallait, que quand l’on croiserait son chemin au clan des étoiles, on l’admire, qu’on se dise « Elle tient de son père, celle-là ! ». Il fallait qu’elle existe. Il fallait qu’on sache qu’elle a excité, autrement que n’importe quel chat. Pour son père, qui lui avait offert le clan. Et pour elle. Pour être légère. Pour savoir qu’on lui était reconnaissante.
La reconnaissance. Les psychopathes tue pour avoir la reconnaissance, ou parce qu’ils n’ont pas eut celle qui leur revenait, ou qu’ils croyaient qu’elle devait leur revenir.
Elle ne devait pas tomber dans ce piège. Non, non, jamais. Jamais comme Rugissement du Tigre. Ce fourbe. Si elle le pouvait, elle le tuerait. Il avait tué son père.
Elle attendrait. Patiemment. Que ce soit son tour de gravir les marches du podium. C’était un rêve. Une lumière sur son existence. Son objectif.
Vraiment, un objectif ? Vouloir monter, plus haut que haut n’était pas plutôt de l’ambition ? Pourrait-elle jamais mal tourner ?
Elle se savait imparfaite. Mais de là à agir comme ce monstre. A devenir comme Rugissement du Tigre. Un tueur. En l’occurrence, une tueuse. Non, elle le refusait. Et si elle ne pouvait pas, elle se donnerait la mort. Elle patienterait. Elle serait loyale.
La chef quitta le coin chaud de son antre, de là ou elle avait une vue imprenable sur les chatons, et se dirigea vers la tanière des apprentis. Nuage de Plume n’était pas avec eux. Elle leur demanda de lui dire qu’elle l’attendait à la combe sablonneuse.
Polaire mangea une proie sur le tas de gibier, enterra les reste et partit dans la forêt. Plusieurs bruits lui firent tourner les oreilles, mais sans plus.
Bientôt, le clapotis de l’eau lui parvint, et une odeur salée lui fit froncer le nez. Elle arrivait.
Le sable était chaud et doré. Les vagues très légères et l’eau turquoise.
Elle n’avait pas réfléchi à ce qu’elle allait faire faire à Nuage de Plume. Elle était attentive et douée à la chasse... Comment devait t'elle l'entrainer au combat ?
Elle opta pour être naturelle. Elle préférait comme cette version là d’elle. Plus besoin de s’interroger sur la question. Cela lui viendrait tout seul. Il lui faudrait évaluer les compétences de Nuage de Plume. . Mais ce serait mieux pour le prochain lieu d’entrainement. Que devrait-elle choisir. Que ne savait-il pas chasser ? Enfin….voilà, quoi.
Elle se posa sur le sable chaud, entre l’ombre et le soleil. Le vent lui indiquerait la venue du novice. Il ne pourrait pas la surprendre. De toute manière, elle était très difficile à repérer. Sauf si elle ouvrait les yeux. Ces yeux ! Deux phares bleu glacé dans la nuit. Tans pis. Elle les garderait mi-clos.
Dans cette position, donc, les yeux –mi-clos, allongé sur le sable, elle attendit. Bientôt, un bruit étranger la prévient qu’elle arrivait. Elle reconnut son odeur. Sans même daigner de bouger, elle articula quelque mots, d’un ton gai, sincère.
-Bonjour Nuage de Plume, prête pour l’entraînement ?
Elle se leva, s’ébroua pour chasser le sable de sa belle fourrure blanche et attendit.